Venons
en à étudier de façon plus précise la nature
de la réalité tout autant extérieure que intérieure.
Sur quelle base étudier ce problème ? Notre démarche
est simple et constante. Au lieu de poser la réalité comme
base, nous partons de notre bon sens et de nos connaissances pour approfondir
la notion de réalité. Les deux théories importantes
qui vont nous permettre détudier la réalité
sont le principe de la trame et la théorie de la connaissance.
Il faudra donc retenir laspect spéculatif de ce discours,
variable selon le type dargument utilisé.
Démarche
de létude
Puisque tout commence par le bon sens, le fait de la réalité
est incontournable et nest pas remis en cause. Notre étude
consiste plutôt en déterminer la nature, les contours et
à comprendre le sens de cette nature.
Notre démarche seffectura donc en plusieurs étapes
qui correspondront à la démarche inverse de la démarche
philosophique traditionnelle :
La première consiste à étudier la réalité
elle-même.
La seconde consiste à étudier la perception de la réalité.
La troisième consiste à étudier la communication
de la réalité.
La
réalité de la trame Position de la réalité
Le principe de la trame apporte en lui-même un point de vue assez
général sur la réalité.
Il faut bien comprendre quen parlant de la trame, je me situe sur
le terrain des choses extérieures à moi-même, je ne
parle pas ici de ma perception. Je suppose lexistence réelle
des choses extérieures par le bon sens et je les étudie.
Quand je parle d'une condensation de la trame, je ne parle pas de lapparence
quelle présente pour moi, mais je dis quil existe bien
un regroupement de certaines fibres de la trame, indépendament
de ce que je vois et qui forment une condensation que je vais percevoir,
analyser en la filtrant selon ma perception historique. Ce qui mimporte
ici cest de souligner lexistence dune réalité
condensée qui donne lieu à une perception didentité.
Ce préambule insistant sur la réalité extérieure
étant fait, venons en à étudier cette réalité.
La réalité en soi dune chose comme la présente
les philosophes na pas vraiment de sens dans ma perspective. La
réalité nétant que condensation, la meilleure
réalité de fond que lon peut percevoir ne se situe
pas vraiment au-delà de ce quon perçoit. Sil
est vrai quelle est au-delà en ce que la réalité
est extérieure, elle nest pas au-delà au point davoir
une réalité ultime de lidentité. Lidentité
est floue et la réalité perçue est un des meilleurs
représentant de lidentité, parler dune réalité
en soi na donc pas beaucoup de sens.
La réalité globale est lensemble des réalités
particulières (dans la limite naïve du sens de ce mots). La
réalité globale est lexistence dune réalité
qui nous est extérieure. Et la réalité dune
chose particulière nest quune condensation existant
dans la réalité globale ; cest en fait lexistence
dun groupement qui conduit à lapparence de ce groupement.
L'existence d'une identité est apparence, car c'est la perception
d'un regroupement, mais dans l'ensemble cette apparence est une une réalité,
car le regroupement existe extérieurement à nous même,
il précède l'apparence.
Limiter
la réalité à une condensation peut-être surprenant
et pas forcément bien adapté au bon sens, qui semble poser
la réalité de façon brute. Mais il suffit de peu
de réflexion pour sen convaincre et nous lavons fait.
Une fois le bon sens éduqué, on cromprendra bien la correspondance
qui existe entre les données brutes dun bon sens naïf
avec les données plus subtiles que sont les condensations. Voyons
un exemple.
Tout
nest que condensation
Donnons lexemple dun objet matériel : un caillou
se trouve là devant moi. On pourrait penser que l'identité
de ce caillou est ce quil possède de plus évident.
Et donc que cette identité est clairement défini ;
mieux que ne le serait une condensation qui reste relativement floue.
Et bien non, et cest assez simple à voir.
Que recouvre donc l'identité de ce caillou ? Il semble qu'elle
devrait contenir tout ce qui le concerne. En commençant par ce
qui est le plus matériel : les atomes qui le composent. Seulement,
il y a à la surface de ce caillou un échange permanent de
molécule dû à lusure du vent, à la poussière,
et aux réactions chimiques. Il y a ensuite un mouvement permanent
de ses atomes, ses électrons. Dans labsolu, cette pierre
est sans cesse différente. Elle nest jamais aussi semblable
et pérenne quelle ne le propose en apparence. Les détails
de son identité sont mouvants.
Il y a ensuite lhistoire de cette pierre. Ces atomes existe depuis
longtemps, mais depuis quand la pierre existe-t-elle ne serait-ce qu'
« à peu près comme elle est » et jusquà
quand ? Il est très probable quelle a subit et qu'elle
va subir un changement profond didentité.
Lidentité de cette pierre nest donc pas profonde. Comment
pourrais-je encore parler de cette pierre si elle se casse en trois morceaux
par exemple ?
Supposons quelle ne se casse jamais ; il y a ensuite la position
de la pierre dans son contexte, par exemple le lieu. Cette pierre qui
est là, occupera-t-elle toujours le même endroit, ce qui
met en cause la notion de lieu, ce qui change le sens de l'identité
de cette « pierre là » qui était pourtant
ma définition de cette pierre. Mais de plus, ne bouge-t-elle pas
sans cesse ? Tout bouge autour de la pierre les arbres, les saisons,
les feuilles, lusure du terrain, la techtonique des plaques, la
terre, la « pierre là ». Quel référentiel
doit-on prendre pour décrire sa fixité. Nest-ce pas un peu
de moi que je parle quand je parle de la « pierre là » ?
Puis il faudrait parler de son interaction multiple avec le reste de la
matière, de lexactitude de son contour, de lexactitude
de sa composition, etc
Après
cette liste de remarques, quel sens prennent donc les mots : « ce
caillou » ? Nest il pas manifeste que même
les choses les plus enracinnées dans la réalité ne
sont que des condensations plus ou moins fortes de la trame impalpable
dans le fond ?
La réalité dune chose n'est jamais que sa condensation.
L'identité se perd dans la réalité affinnée.
Contrairement à un usage fréquent en philosophie, on ne
peut donc pas parler de réalité « en soi »
dune chose. Cela na aucun sens. D'une réalité
extérieure certes, mais cette réalité possède
des limites, elle n'est pas absolu, elle n'est qu'un constat de condensation
de la réalité qui s'étend beaucoup plus loins dans
toutes les directions que constitue sa trame.
L'histoire du bateau de thésée en est un exemple symptomatique
: Thésée, parti longtemps, retrouve intact son bateau préservé
par les Athéniens qui retiraient les planches usées et les
remplaçaient. En imagineant qu'ils aient finalement changé
toutes les pièces du bateau sagirait-il du même bateau ?
Peut-on dire qu'il s'agit toujours du même bateau ? Si de plus,
on imagine un collectionneur récupérant les vieilles pièces
et reconstruisant au fur et à mesure le bateau initial. Lequels
des deux bateau est le bateau de thésée ? Celui qui affectivement
a toujours été reconnu comme le bateau de Thésée
(le changement de petits détails n'a jamais altéré
le sentiment d'identité) ou bien celui qui originalement est composé
des pièces du bateau de Thésée ? Il n'y a évidemment
aucune réponse à la question, mais on trouve dans ce genre
de construction logique les contradictions au concept d'identité.
Et seul un recul permet d'apprécier une réalité qui
est plus complexe.
On retiendra que par glissement de sens progressif, on peut radicalement
changer de nature un concept.
Généralités
et cas particuliers
Dans le réalisme dévêtu de laspect psychologique,
on trouve parfois la distinction entre les généralités
et les cas particuliers : la réalité nest faite que
de cas particuliers et toute généralité nest
quune illusion, entend-on dire parfois. L'étude de ce discours
est instructif pour affiner notre perception de la réalité.
Selon ce que nous venons de développer précédamment,
il apparaît que la distinction de cas particulier et généralité
nest plus vraiment possible. En effet, un cas particulier est en
fait lui-même une généralité. Le vrai cas particulier
serait la découverte du fond de la trame. Toute perception nest
que perception didentité (de condensation) qui nest
forcément que globalité de perception et simplification
de la réalité plus fine. Autrement il s'agit d'assembler
une réalité plus fine en une « généralité ».
La distinction de la réalité se prête mal en ces deux
catégories :
les cas particulier matériels comme seules vraies réalités.
et les généralités qu'on appelle parfois des catégories.
Ce type de réalité sont une approche globale.
Ceux
qui distingue ces deux types de réalité voix les généralités
comme une réalité dun autre ordre ou tout simplement
une illusion non réelle.
Il
y a deux impossiblités à une telle distinction fondamentale
:
comme nous venons de le dire, la première raison est laspect
fractale de la trame : on serait incapable de définir ce quon
appel « cas particulier ». Chaque particularité
nest que condensation et donc n'est qu'une généralité
qui regroupe d'autre réalités.
La seconde impossiblité est l'impossibilité de percevoir
la frontière de la particularité : comme la compréhension
de linterconnexion des réalités entre elles est inaccessible
de par sa multiplicté, sa variété et son immensité
(les connexions ont lieu à toute les échelles de la trame),
il est impossible de définir un contour qui isole complètement
une identité, impossible de lisoler en finesse, impossible
de lisoler spatiallement, impossible de lisoler dans une caractéristique
précise de façon absolu.
La seule particularité globale qui possèderait une nature
différente des autres serait la trame toute entière elle-même,
comme une généralité ultime. Mais, est-il sensé
de considérer la trame entière ? Je lai fait
pour lexposer, mais le sens de cette généralisation
est très limité ; là encore là encore
le concept de trame nest que trame et condensation ( et il faut
croire qu'elle n'est pas si visible que cela ...).
Ainsi, la réalité des choses est condensation, groupement
, apparence. Il en ressort que la rélalité ne se situe pas
au niveau de la pierre en tant quobjet matériel, mais en
tant qu'unité de perception. Et ce qu'on appelle généralité
ou cas particulier possède les deux cette apparence d'unité
dans la lecture de la trame. Les deux type de réalité sont
des condensations de la trame. Un objet matériel n'est pas plus
réelle qu'une catégorie d'objet, quand chacun est clairement
perceptible dans la trame. Ainsi, la généralité est
autant réalité que la particularité ; tout nest
jamais que globalité.
En exemple, si ma pierre est une réalité, lidée
de roche est tout autant une réalité, car elle
correspond à une condensation évidente de la trame. Lidée
de matière elle-même est une des réalités
de la trame, qui correspond à une condensation vaste mais clairement
perceptible.
La conclusion de cette remarque est que la barrière entre idées
et matière est loin dêtre aussi marquée quon
peut limaginer naturellement. Cela nous conduit à nous positionner
sur un autre débat de la réalité :
Idées
réelles
Cela nous conduit a une nouvelle question pertinente : le monde
des idées est il fait de réalité de la même
nature que la matière ? Nous ne possédons pas ici toutes
les données qui pourront nous permettre de répondre à
cette question, il nous faudrait aborder le langage, et la représentation
mentale pour y répondre de façon précise. Mais une
réponse sommaire est déjà possible.
Il faut commencer par distinguer les idées qui sont dans nos têtes
des principes qui sont dans la nature . Les principes présents
dans la nature semblent plus ou moins indépendamment de nos pensées.
Citons un exemple classique, tirée des mathématiques :
le cercle ne se trouve nulle part dans la réalité matérielle,
mais pourtant lidée de cercle semble abondamment être
suggéré par la nature. Beaucoup de faits sucitent lidée
de cercle, beaucoup de réalités produisent des cercles approximatifs.
Et tout cela donne lidée des cercles abstraits dune
nature plus précise, simple et idéal.
Ainsi, la nature offre de nombreux « principes »
repérables sans difficultés lorsquon observe le monde
avec une certaine abstraction. Autrement dit la nature nous offre à
nouveau des condensations.
Dans notre perspective ou l'identité est assimilée à
une condensation, pourquoi accorderait-on moins de réalité
à ces condensations « idéales » quau
condensation plus matérielles.
Le fait que ces deux réalités distinctes sont chacune clairement
des condensations les rapproches étrangement. Il semble assez logique
détendre la notion de réalité aux idéalités
pour peu quelles soient suffisamment objective à lextérieure
de nous-mêmes, dans la trame.
Mais ce choix peut produire un certain malaise pour notre bon sens. Car,
entre labstraction logique et la réalité matériel,
il semble bien exister un fossé. Dautant que le monde des
idées est assez proche du monde de lillusion, ce qui est
beaucoup moins le cas pour le monde matériel.
Si toute perception ne passe toujours que par la pensée, la pensée
ne parle pas seulement delle même. Elle nous permet de percevoir
une idée assez objective de lextérieur (mais si elle
est filtrée). Ainsi dans la cas ou une perception dessine une condensation
objective le fait qu'elle soit de nature abstraire ne change rien à
la pertinence de sa réalité. Même si elle est abstraite,
non matérielle, une condensation peut-être estimé
comme une réalité, c'est son objectivité qui définit
sa réalité. Le bon sens nous garantit la confiance dans
notre bonne perception de la réalité extérieure (le
filtre de notre perception à part) qu'elle soit réelle ou
abstraite.
Le fait de distinguer entre « réalité matérielle »
et « réalité idéale » qualifie
la nature de la réalité, mais pas sa pertinence. Une réalité
nétant toujours que généralité et identité
condensée, la nature de la réalité influence assez
peu en ce qui concerne son réalisme.
Mais il est une nuance quil nous faut rapidement ajouter :
lesprit humain prend activement part au « monde idéal »
et les « constructions purement intérieures »
possèdent une part beaucoup plus grande dans le monde des idées
que dans le monde des réalités matérielles. Ce dernier
étant beaucoup plus conçu à partir de perceptions
extérieures. Ainsi, le monde idéal est atteint d'une plus
grande de subjectivité que dans la perception sensorielle. De plus,
la dérive possible qui conduit du réalisme à la subjectivité
est un chemin continue qui possède une frontière très
large et difficile à dicerner ; la frontière plus large
dans le monde des idées. Cest pourquoi on trouve plus facilement
de la subjectivité dans le monde des idées que dans le monde
matériel. Nous verrons que cela tient aussi beaucoup à la
nature particulière de la trame quand on y observe des choses abstraites.
Ainsi, une preuve de la réalité doit toujours être
qualifiée par lobjectivité, la pertinence dans la
perception extérieure à notre construction mentale. Il faut
discerner la présence de la réalité dans le monde
extérieur à nos pensées (qui trouve sa racine dans
le bon sens éduqué et approfondi). Cette remarque n'a rien
d'anodin, elle vaut son pesant de réflexion face à beaucoup
de discours affirmatifs.
Plusieurs
niveaux de réalité
Par tout ce que nous venons de dire, il est important de comprendre que
la réalité de « ce caillou » peut-être
très riche et variée selon quon considère une
condensation ou une autre : le caillou en tant que perception, le caillou
en tant que réalité matérielle, le caillou en tant
que propriété physique, en tant que réaction avec
le milieu extérieure, en tant quapparence pérenne,
etc Nous reviendrons ultérieurement sur le langage qui indique
souvent les contextes de ces réalités, mais il importe de
comprendre que ce qui nous semble être une notion unique , une identité
bien définie est souvent bien complexe et peut-être abordée
sous forme de condensations très différentes ; cela
produit facilement des glissements de sens.
La complexité de la trame est telle que les condensations sont
interconnectées, multiples et variées autour dune
même notion. Il ne faut pas considérer une condensation comme
un phénomène simple, (limage de la condensation pour
représenter la réalité est elle-même une condensation).
Je crois que la question sous-tendue par cette description de la réalité
depuis le départ est la notion de subjectivité. La réalité
et la subjectivité ne sont pas dissociées dans la trame.
Cest dailleurs là tout lintérêt
de lanalogie de la trame. Mais cest aussi le constat d'une
grande difficulté pour parvenir à une connaissance fiable.
La nature de la trame est source de beaucoup de quiproquo.
Le mot « réalité » possède
plusieurs antonymes, mais celui de « subjectivité »
ne convient pas. Tout ce que je viens détaler rejette lopposition
entre réalité et subjectivité. En effet, la réalité
correspond à une condensation, et il existe un gradient continu
entre les condensations objectives et subjectives. Certaines réalités
sont plus ou moins apparentes que dautres. En partant des réalités
plus quévidentes jusquaux réalités les
plus ténues, il y a un large éventail dobjectivité.
Le rôle de la perception est alors fondamental, nous en reparlerons.
Mais je pense que sous léclairage que nous avons donné,
lexpérience se révèle bien comme telle :
la réalité est plus ou moins subjective de nature. Cest
un constat regrettable pour la connaissance, mais inéluctable.
Ce constat bien net ne nous autorise plus à poser de constat trop
tranchant sur la réalité.(sic)
Heureusement pour la connaissance de la réalité, au-delà
de ce constat qui nest quun aspect des choses, il se trouve
que la trame possède par nature ce principe de condensation. Il
y a beaucoup de condensations claires et nettes qui évitent le
doute. Ainsi, la connaissance subjective de nature peut malgré
tout être objective : cest la trame perçue par
notre bon sens qui laffirme.
On pourrait alors être tenté de dire : « lobjectivité
représente la majorité de la trame » ou encore
« il est peut-être possible de formuler une autre image
suggestive que la trame qui mette finalement au centre le principe de
lidentité comme étant lélément
principal de la réalité » plutôt que cette
imbroglio dinteraction comme nous lavons décrit dans
la trame. Je pense que notre perception nous conduit toujours vers lobjectivité
et la cohérence de sorte que nous percevons bien davantage les
condensations (le sens) plutôt que la subjectivité et linaccessible.
Le monde peut alors sembler si simple et accessible. Mais nest-ce
pas plutôt notre vision du monde qui est simple ? Quand on
se tourne vers notre ignorance, le vertige nous saisit très vite.
Maintenant je ne défend pas mordicus limage de la trame comme
étant le coeur de la réalité, elle nest quune
condensation de la réalité, elle na rien dexclusif.
Nous lavons dit, et je le répète encore ici, il ne
faut pas trop présumer de limage de la trame. En effet, il
y a ce que nous voyons et ce que nous ne voyons pas. Il ne faut pas trop
savancer sur la nature profonde de la trame. Par là, je veux
tout simplement remettre en cause la nature fractale de la trame. Il est
évident que la trame ne possède pas une nature fractale
dans le sens où le même dessin ne se reproduit pas à
toutes les échelles : si le principe des cordes tissées
est le même à toutes les échelles, les condensations
sont complètement différentes à chaque niveau. Il
est donc un peu maladroit de parler de nature fractale ; dautant
que les condensations peuvent être complètement différentes
à chaque échelle. Pour ne citer quun exemple, la nature
de notre monde relationnel et la nature de notre monde chimique diffèrent
beaucoup.
Dans la trame, un esprit ouvert devrait pouvoir sattendre à
tout, à tous les niveaux quil na pas encore aperçu.
Il est bien évident que la représentation mentale limite
lidée de la trame en trois dimensions et que cette image
est très limitée. La complexité, linterconnexion,
la nature, la temporalité, etctera, de la trame rendent cette
représentation bien fade. Il faut donc sattendre à
tout dans la trame. On pourrait par exemple attendre que la trame possède
une fin, que la trame ne soit pas aussi immense quon limagine.
Une fin dans tous les sens et même pourquoi pas une fin que lon
puisse atteindre. Cette idée est sans doute un peu hors du bon
sens, car qui pourrait précisément se faire une idée
de ce que signifie « la trame possède une fin » ?
Mais je pense quil y a un interêt à cette remarque
pour le bon sens : cest le fait de ne rien pouvoir dire sur
ce quon ne voit pas. La nature humaine a beaucoup trop tendance
à généraliser hors de son domaine de validité.
Je pense que lhistoire de la connaissance a suffisamment montré
que la trame cache bien des surprises.
Lhistoire
de la connaissance
La trame nous révèle que parfois un motif en cache un autre.
Car toute la structure de la trame foisonne de motifs en tout sens. Il
arrivera quen regardant bien, on découvrira un motif qui
se répête et que ces répétitions forment un
nouveau motif qui lui-même sinscrit dans un nouveau motif.
Ainsi, la perception de certains motifs sont la clé dun nouveau
monde, de nouveau horizons de la trame. Tant que ce motif naura
pas été perçu, ce monde entier restera caché.
Cest peu de chose que découvrir un motif, mais découvrir
un nouveau monde en est une autre. Et cest bien là lhistoire
de la connaissance : des millénaires pour découvrir
quelques motifs combinés qui ouvrent la porte sur de nouveaux motifs
et enfin sur de nouveaux mondes qui eux-mêmes sinscrivent
dans dautres mondes encore plus vastes, plus complexes. Et cest
alors la moisson, si vaste quon pas assez dyeux pour embrassé
le champs entier de notre regard. La connaissance possède donc
une histoire : cest lattente dun regard parfois
tout simple, parfois beaucoup plus attentifs, mais un regard qui tout
simplement sarrêtera en découvrant le motif.
La compréhension de ce phénomène nous explique pourquoi
la connaissance possède alors une histoire : lordre dans
lequel les motifs ont été perçu donne un regard sur
la trame très influancé et dépendant de cet ordre.
Si la trame est une réalité extérieure indépendante
(en pratique la réalité extérieure semble bien indépendante
de notre pensée), lhomme lui possède des habitudes
d'observation ; et lordre dans lequel il perçoit les
motifs fera apparaitre la trame dans limage de son histoire.
Comment se peut-il quon ait pas vu tout cela avant : parce
quon a mal vu ? On a cru voir ? Parce quon sest
attaché à ce quon voulait voir ? Parce quon
a pas pensé à regarder ? Oui tout cela est probablement
vrai : mais cest avant tout parce que pour voir il faut avoir
vu : découvrir un motif permet d'en voir un second élaboré
à partir du premier. La marche de la connaissance est de nature
exponentielle jusquà la découverte des limites humaines.
Mais au fait, comment peut-on mal voir ? Si lon peut concéder
quil est possible de ne pas voir, il est curieux de penser quon
puisse mal voir. Et pourtant cest vrai, il est beaucoup de perspective
qui donne des illusions. Il faut se déplacer pour le réaliser.
Les illusions sont dautant plus tenaces quelles sont éloignées
de notre proximité : il est difficile de se déplacer
pour voir différente perspective. Il est probable que certaines
illusions lointaines ne pourront être effacées, mais il est
donc aussi probable quaucun ne pourra savoir sil sagit
ou non dune illusion
La
perception de la trame Les acteurs de la perception
Après avoir étudié sommairement le concept de réalité
extérieure, nous allons étudier celui de la réalité
intérieure. Ce qui nous intéresse ici, ce sont toujours
les deux questions classiques :
- quelles sont les chose réelles ?
- quest-ce que la réalité ?
Nous utiliserons les hypothèses générales développée
dans la théorie de la connaissance. Notre objectif est d'établirde
façon spéculative la morphologie de la perception.
Selon
notre approche, le principe de la perception de la trame réside
dans le processus suivant :
Premièrement, la trame est la base de la réalité.
Elle est extérieure et non directement accessible. Dans cette trame,
il y a en particulier lémission dinformations qui produisent
une connexion entre la réalité extérieure et notre
corps. (Cette présentation est schématique dans le sens
où
- notre corps est lui aussi réalité de la trame, il est
délicat de le présenté à part.
- les mots « réalité extérieure »
tel que nous les présentons ici ont un sens presque absolu. Une
telle réalité que nous nommons « trame »
possède une existence « en soi » qui a peu
de sens à nos yeux. Mais la présenté en tant que
telle, comme un élément indépendant est assez délicat)
Deuxièmement, les sens nous apportent ces informations sur la « trame
extérieure » et les transmettent au cerveau qui est
le centre hypothétique de la connaissance, de la pensée
et de la réalité intérieure.
Troisisèmement, le mécanisme de la connaissance est conçu
de telle sorte quil cherche à percevoir les condensations
dans les informations qui lui parviennent par ses sens. Le principe fondamental
du mécanisme de la connaissance est de construire la perception
au dessus et à partir de la connaissance accumulée. La perception
est donc un circuit organisé en cellules et connexions partant
des cellules sensorielles jusquà une cellule située
au sommet de la perception qui représente grosso modo la pensée.
(voir le modèle de la théorie de la connaissance pour plus
de précisions et de compréhension, faute de quoi les explications
seront peut-être mal comprises ou mal interprétées).
Au sommet de cette perception se trouve la conscience sémantique
qui correspond au fait de vivre les choses que nous percevons. Nous avons
déjà expliqué et nous nentreront pas dans les
détails de la nécéssité de lapprentissage
qui donne un sens de plus en plus construit, abstrait complexe par regroupement
syntèse, abstraction des sens.
Nous
cherchons à comprendre ce qui est réel, à titre dexemple
voyons comment sexerce le mécanisme de la perception de « cette
pierre qui est là devant nous». Les sens amènent
la perception visuelle au cerveau. Celui-ci contient déjà
tous les concepts abstraits (c'est-à-dire synthétiques)
de « vision dune pierre » et beaucoup de concepts
abstraits plus spécialisé «vision de telle sorte de
pierre », sans parler de tous les concepts abstraits qui lui
sont adjoints « propriétés dune pierre ».
Ainsi, le parcours du circuit par linformation initiale se fait
inconsciemment depuis les cellules sensitives en convergeant par le principe
naturel de reconnaissance vers les concepts les plus proches de la perception
en cours. Et finallement, ces concepts sont dirigés vers un concept
qui se crée quasiment instantanément : ce nouveau concept
sera la vision particulière de cette pierre à cet instant.
Après ce rappel plus que sommaire du mécanisme de perception,
il convient tout de suite de parler de la capacité à bien
percevoir la trame. En effet, notre objectif consiste à expliquer
la réalité intérieure, et un des problèmes
fondamentaux de la réalité intérieure réside
dans la compréhension de la relation existant entre réalité
intérieure et réalité extérieure.
Subjectivités
de la perception
Nous commençons donc par présenter toutes les erreurs de
compréhension objective de la trame :
Etant condensation, la réalité extérieure est plus
ou moins objective. Comme nous lavons déjà expliqué,
elle ne présente quune estimation de la réalité,
quune condensation, quun contour plus ou moins net.
Linformation qui nous parvient nest pas non plus la réalité
elle-même, il y a donc une différence entre la réalité
et la perception de la réalité ; sans dire que cette
information nest que partielle sur la réalité elle-même.
Les sens de par leurs limites naturelles ne permettent de voir quune
partie de ces informations émises dans la nature : premièrement
parce quon ne voit quune partie de linformation que
lon est capable de percevoir ; à cause de par notre position
et notre capacité dacquisition limité dans lespace
et le temps. Deuxièmement, parce que nos sens ne sont pas équipés
pour percevoir toutes les types dinformations émises par
la réalité.
Viens ensuite la limitation des sens eux-mêmes. Ces cellules de
perception nous trompent par leur imperfection. Elle ont des mécanismes
de fonctionnement qui induisent des erreurs de perception, et ces cellules
sont limitées dans beaucoup de dimensions (intensité, qualité,
précision ; )
Viens ensuite létape de la perception qui correspond à
lanalyse de linformation émise par les cellules sensitives.
Ce processus nous trompe par le fondement même de son mécansime :
il ne construit que sur ses connaissances passées façonnées
de nombreux principes dorganisation, comme la synthèse automatique
par exemple. C'est donc une sorte de catalyse, la perception est continuellement
trompée car traduite par les expériences passées
(par le contenu de la connaissance). Cette aspiration naturelle à
lutilisation de la connaissance passée produit une perception
toujours exprimée historiquement et non réellement. La césure
entre lactuel et lhistorique se fait à un plus ou moins
haut niveau du circuit selon beaucoup de paramètre. On peut donc
dire que pour lessentiel, à moins dune perception vraiment
très nouvelle au niveau de linformation sensitive elle-même,
la perception sera toujours plus ou moins construite sur le passé.
Ainsi linformation nest jamais vraiment objective par rapport
à linformation des sens. Un sens fort complexe et riche est
ajouté à la perception réelle. La perception ne nous
renseigne pas sur les informations perçues, mais sur le sens construit
par notre histoire. Bien sûr, cette perception est toujours particulière,
unique et basée sur la perception mais le sens final perçu
est un sens très éloigné de la seule perception perçue
au niveau des cellules sensorielles. Ce point est particulièrement
important. Il montre lécart gigantesque qui existe entre
perception et réalité. La réalité prend sa
source dans lapprentissage historique.
Nos voyons au travers de cette description, le nombre impressionnant de
non-objectivité qui saccumule dans le mécanisme et
qui conduit à la perception. On irait jusquà se demander
comment il est possible de percevoir quelque chose qui ressemble à
la réalité. En cela, on ne se trompe pas vraiment :
on ne perçoit quune réalité correspondant à
notre capacité de perception. Si nous percevions les infrarouges
notre vision du monde serait très différentes. On pourrait
dire de même si nous avions une perception tridimensionnelle, etc
Il sagit de répondre à la question : quelles
sont les choses réelles ? Pour cela, il faut commencer par
comprendre comment au-delà de cette non-objectivité se forme
une objectivité.
Bien quil y aurait beaucoup à dire sur la transmission des
informations jusquau cellules sensitives, nous ne nous étendrons
pas sur le sujet en nous concentrant sur le mécanisme de la perception.
Elaboration
de la perception
Selon notre théorie de la connaissance, une stimulation déjà
perçue sera identifiée et dans une certaine mesure analysée
(comparée, synthétisée, etc ). Par la succession
de rencontres du même type, il se forme tout un complexe de connexions
situées autour du même sujet. Ce mécanisme est non
seulement valable pour tous les sens que sont le toucher, la vision, l'ouïe,
mais aussi pour la simultanéité de ces sens. Laboutissement
de ces répétitions incarnées en de nombreuses répétitions
est la création dun concept synthétique auquel sera
lié beaucoup dattributs issus de liaisons avec dautres
concepts. On conçoit ainsi quun des mécanismes fondamentaux
de la perception est la reconnaissance de la condensation au travers de
la multiplicité des informations.
Il faut aussi comprendre que la perception de la trame nest pas
ciblée sur les détails de la réalité. De même
que la trame est globale, la perception initiale est globale. La particularisation
des identités nest pas le phénomène naturel
initial, cest labondance de particularités qui construit
les condensations en organisant cette globalité. Cette globalité
dans la perception primitive pourrait être désignée
par la « neutralité du système de connaissance ».
Cest dans cette neutralité initiale et fondammetale vis à
vis de linformation que réside la puissance de la perception.
Ultérieurement, cette neutralité trouve un bémol
dans le mécanisme des contextes qui peuvent orienter la perception.
Ce mécanisme a surtout lieu à un niveau assez élevé
du parcours perceptif. On peut donc estimer que la neutralité,
la globalité de la perception restent toujours une base essentielle.
Cest dailleurs ce qui permet de changer de contexte ou dattirer
lattention quand une perception inconsciente résonne avec
un contexte sensible; les contextes n'absorbent pas toute la perception.
A la base la perception est globale et quasiment neutre, cest-à-dire
sans perception d'identité particulière.
Nous navons pas parlé des mécanismes actif qui gèrent
aussi toute cette masse de connaissances, mais en fait il importe assez
peu de détailler ces mécanismes pour comprendre le principe
de la perception et donc la réalité des choses perçues.
On peut remarquer que depuis lobjet réel situé dans
la trame jusquà la perception dans une cellule de concept
élevé, il y a un continum de transmission de linformation.
Cela présente lavantage dêtre une explication
parfaitement mécanique de la perception, ce qui en théorie
nous permet de comprendre avec précision le principe de la réalité
intérieure. Mais la complexité du mécanisme rend
cette perception opaque et limite notre compréhesion à de
nombreuses suppositions et diverses hypothèses.
Convergence
asymptotique Convergence
Un principe fondamental de la réalité intérieure
est la convergence asymptotique . En effet, comme nous lavons vu,
la condensation extérieure se reproduit à lintérieur
par la phénomène de reconnaissance et dintégration
de linformation. Mais là ne sarrête pas le processus
qui conduit à la réalité. Le phénomène
de rapprochement intérieur se poursuit tant quune nouvelle
information est perçue, ce qui conduit à une perception
de la réalité toujours plus conforme. Cest le phénomène
asymptotique de la convergence. Chaque nouvelle information sera intégrée
en apportant une précision sur chacun des concepts abstraits auquels
elle est associée. Cest ainsi que la précision dun
concept abstrait est de plus en plus proche de la condensation de la réalité
extérieure.
Autrement dit, la perception est une machine à organiser par reconnaissance
de condensation. Le phénomène asymptotique nous laisse supposer
quon peut avoir une perception aussi précise que possible
par rapprochement incessant : cest le mécanisme de lasymptote.
La
réalité extérieure dans sa globalité (perceptible),
ne se forme que lentement. On peut voir quun enfant acquiert assez
rapidement le langage, mais quil faut très longtemps pour
comprendre les subtilités qui font la vie dun adulte. L'explication
est assez simple : en caricature, les phénomènes assez rares
convergent lentement alors que les phénomènes fréquent
convergent vite.
Aussi les phénomènes de la trames qui sont globaux mais
assez rare se révèlent plus ou moins vite à chacun.
Cela dépend de la fréquence de la confrontation à
linformation, mais c'est aussi fonction de la volonté de
comprendre.
La
statue tâchée
Jaimerai clore cette description de la réalité par
une image qui brosse grossièrement lidée de réalité
intérieure : cest une personne face à une immense
statue dont la particularité est dêtre invisible. Cette
personne dispose dun sceau dencre. Sans cesse elle trempe
ses doigts dans le sceau puis éclabousse de quelques gouttes limmense
statue. La personne se déplace lentement ; ces toutes petites
tâches viennent tout doucement donner une idée de la forme
de la statut ; déjà localement, puis peu à peu
tout autour du lieu d'origine. Beaucoup de formes, beaucoup de détails
apparaissent. Mais la forme générale de luvre
est trop vaste pour quil en ait la moindre idée. La réalité
extérieure est cette statue invisible. La réalité
intérieure est cette encre que lon jette toujours du lieu
où lon se trouve et qui forme peu à peu une image.
Perception-intégration
Il est bon dinsister sur la dualité du mécanisme de
perception et dintégration de la connaissance. La perception
à strictement parler ne réalise que la création dun
concept par union des concepts sous-jacents les plus stimulés par
les sens. En cela on pourrait parler dhyper-spécialisation.
Il nest pas possible de spécialiser davantage une perception
que ne le fait le mécanisme naturel. En un seul concept elle construit
lunion de tous les sous-concepts les plus forts qui lui donnent
vie. Cest alors seulement que se met en route le processus dintégration
de cette connaissance, par syntèse automatique. Se créent
alors de nouveaux concepts qui vont rapprocher les notions, synthétiquement
(par reconnaissance de similarité et à partir des stimulations
contextuelles). Cest nest donc pas à strictement parler
la perception qui produit la condensation, mais le mécanisme dintégration.
Il faut bien comprendre que la perception ultérieure utilisera
les cellules créées par lintégration de la
nouvelle perception. La perception est donc une spécialisation
pure effectuée sur lintégration passée ;
et lintégration est une abstraction pure effectuée
sur la perception actuelle.
Saturation
Il faut ensuite signaler un cheveux dans la soupe : dans la perception
de la réalité il existe le phénomène de saturation.
En effet, lorsquune réalité particulière de
la trame sest manifestée de multiples manières et
que les variations qui parviennent à la perception sont minimes,
ces variations par rapport aux concepts existants ne sont plus assez grandes
pour stimuler la création dune nouvelle cellule. On dira
que le concept est saturé : cela signifie que dans le phénomène
dapprentissage, le concept ne marquera pas la mémoire, à
aucun niveau. Le concept sert uniquement de pasage pour le flux de perception.
Ne marquant plus la mémoire (consciente et inconsciente), il ne
peut se produire de phénomène de synthèse, il y a
approximation asymptotique. La réalité nest plus perçue,
cest le concept le plus proche qui sert de perception.
Cette approximation na forcément lieu quà partir
du moment où un concept est riche. En fait, nous avons volontairement
pris le problème à lenvers pour que lon conçoivent
bien que le principe dasymptote est limité. Il faudrait plutôt
considérer le problème dans le sens suivant : si une
information qui arrive est suffisamment près dune information
passé, elle passera inaperçue, sinon elle sera suffisament
marquant pour imprimer la mémoire. Le fait de marquer la mémoire
ou non, dépend principalement de la proximité et non du
nombre de concepts proches. Mais il est vrai que le nombre implique la
diversité et la représentativité par le simple principe
des probabilités. Ainsi un phénomène basique qui
sert de « brique » à des concepts plus élevés
devient rapidement un lieu de passage vers le sens beaucoup plus quun
lieu de perception qui construit le sens perçu.
Réalités
intérieures
Nous avons expliqué, le fonctionnement des réalités
de bas niveau, mais il se trouve que pour les réalités dun
niveau de perception supérieur (plus abstrait), le mécanisme
nest pas tout à fait le même. En effet, de nombreuses
abstractions possède une fréquence de perceptions bien rare
(il sont rarement sur le chemin de la perception). La réalité
de ces concepts provient alors de lobjectivité (d'un raisonnement
abstrait) dont nous reparlerons plus tard. Ce nest pas le même
type de réalité, ce n'est pas une réalité
directe imprimée par imprégnation. Cette réalité
n'est pas d'ordre perceptive ; cest davantage une réalité
logique ou même une réalité complètement libre
: des associations fabriquée intérieurement sans recherche
de conformité extérieur.
Mais pour revenir aux perceptions rares ou aux perception construite mentalement,
on discerne lacceptation dune démarche mentale ;
le rapprochement dentités abstraites fondées très
loin de la perception de la trame. Cela relève bien davantage de
la psychologie que de mécanismes primaires. Il convenait de séparer
ces type de concepts de réalité, car même sil
nexiste pas de frontière précises entre les deux,
il est clair qu'il existe une distance entre les extremes : l'imprégnation
et la pure construction logique. En fait, il me semble que cest
précisément cette confusion qui a engendré le dilemme
sur la réalité des idées en opposition à la
réalité matérielle.
Puisque nous parlons des hauts niveaux de perceptions, il me semble que
ces hauts niveaux sont souvent établis sur de multiples particularités
abstraite. Les liens avec ces particularités ne sont pas établis
de façon naturelle et perceptive (dans le sens où ces liens
seraient issus dune synthèse mécanique), ces liens
sont forcés par associations issue de lapprentissage symbolique
fondé sur le langage et les communications avec autruis. Ces liens
sont donc de hauts niveaux.
Une
autre remarque : la convergence asymptotique de nos connaissance
ne nous parvient pas seulement de la trame. Elle nous parvient aussi des
autres au travers de la communication et de leur réaction. On possède
dailleurs là, un des meilleurs éléments de
bon sens quant à lexistence de « lautre » :
sa différence initiale et fondamentale qui malgré tout converge
sensiblement vers la même perception que nous. Ces informations
entre individus sont une source dinformation très importante
pour beaucoup de concepts de haut niveau et donc pour la formation de
la réalité intérieure. Nous reparlerons de tout cela
plus tard.
Impression
de réalité
Pour terminer lexplication du principe de réalité
intérieure, il nous faut aborder la notion de conscience sémantique.
Nous avons déjà expliqué que la conscience sémantique
est le principe qui donne vie à un concept, cette impression de
réalité, de vécu, de « moi »,
de conscience. Mais je pense qu'une des meilleures explications de ce
concept réside dans la différence quon peut imaginer
entre dune part un ordinateur qui arriverait à parfaitement
à aligner des pensées mécaniquement, à décider,
à réagir (selon le modèle que nous avons développé),et
dautre part un homme qui pense. Cette impression de vivre les choses
que nous pouvons sentir en nous même (et imaginer chez les auters),
il est facile dimaginer quune machine ne le possèderait
pas. Entre des courants éléctiques, une bonne organisation
sensorielle et la pensée consciente, il y a une différence.
Ce principe est celui qui donne tout son sens à la réalité
des choses.
En effet, maintenant que le mécanisme est expliqué, on peut
percevoir comment se construit la perception pour aboutir en une cellule
de spécialisation pure sur la quelle vient sétablir
la conscience sémantique. Cela donne vie à la cellule telle
quelle a été construite. Je pense quun tel mécanisme
explique non seulement la réalité, mais aussi le sens, le
vécu des choses.
Maintenant pour décrire la conscience sémantique, il semble
qu'on ne puisse tarir en qualificatifs, car si ce que jai postulé
est imaginer comme vraisemblable, il nest pas possible de décrire
cette conscience en-dehors du fait de la vivre. Le principe de réalité
qui accompagne ce sentiment de réalité nest quune
des nombreuses facettes de cette impression. Mais nous touchons là
au point le plus hypothétique de mon raisonnement, il pourra donc
être rejeté à loisir ; dautant que laberration
logique quil soulève est assez curieuse ; et cest
sans parler de la possibilité dexistence dinteraction
métaphysique complexe et surtout inaccesible.
Nous
avons donc expliqué limpression permanente de réalité
qui accompagne toute perception. Il faut ajouter que cette impression
peut sétablir sur un concept très riche, très
précis, synthétique et étayé. Limpression
qui en résultatera sera une impression de réalité
comme toutes les autres et proche de limpression manifeste de réalité
telle quon peut la concevoir en parlant de réalité
intérieure des choses extérieures.
Concept
de réalité
Nous avons décrit limpression de réalité des
choses matérielles et de toute perception consciente dailleurs.
Nous avons donc déterminé ce que signifie réalité
intérieure dune chose réelle. Il convient maintenant
de déterminer ce quest la réalité intérieure.
On pourrait penser quon a déjà répondu à
la question, car en expliquant ce quest la réalité
dune chose, on a montré tout le mécanisme qui conduit
à cette impression et cest naturellement ce mécanisme
que lon pourrait appeler la réalité intérieure.
Mais il est un autre phénomène, quon pourrait aussi
assimiler à la réalité intérieure, cest
celui du concept mental de « réalité intérieure ».
Le concept, condensation de la trame, portant sur « lidée
mentale de réalité intérieure », devrais-je
dire.
En effet, il y a une différence notoire entre la réalité
que lon perçoit au cours dune activité où
notre esprit est concentré sur un objet qui nous parait réel,
et la réalité à laquelle on pense, sur laquel on
disserte depuis de nombreuses pages maintenant. Cette réalité
repose sur des concepts multiples. Evidemment, il existe là une
différence entre contenant et conteneur, entre lidée
et entre la trame (le support) qui a suscité lidée.
Et toute la difficulté, cest que le support qui à
suscuité lidée nest pas forcément extérieure.
Nous avons la capacité de raisonner sur notre pensée, cest-à
dire de percevoir et danalyser notre pensée au même
titre quune sensation. Nous avons déjà expliqué
que ce phénomène correspond tout simplement à lunique
principe de la mémoire qui active aussi bien des perceptions extérieures
que des pensées abstraites.
Il y a donc une différence entre la trame qui consiste en lexistence
du processus de la réalité intérieure et la trame
du concept mental de cette réalité intérieure. Il
est alors évident que le concept mental de réalité
intérieure va changer à chaque formulation différente,
va se perfectionner à chaque nouvelle théorie et explication.
Il fait partie de perception mentale reposant sur les discussions symboliques.
Cest un concept de haut-niveau.
En
fait, ce nest pas seulement cette différence entre contenant
et contenu que jaimerais soulever, mais aussi une particularité
qui me semble être un troisième concept de réalité
intérieure. Celui que jappellerai la simulation de la réalité
intérieure. Pour décrire ce concept mental, le mieux est
de le produire dans son esprit. Je le décrirai comme étant
ce quon ressent lorsquon regarde un caillou et quon
se dit intensément : « cest vrai, ce caillou
existe bien ». Malgré tout le flou qui peut exister
entre tous les concepts mentaux attenant, je pense que ce concept est
assez simplement accessible. Maintenant, il me semble assez évident
que ce concept mental nest pas issu dun mécanisme élémentaire
du processus de la connaissance. Il correspond à une démarche
mentale de haut niveau que l'on peut qualifier de « phsychologique ».
Il me semble bien que ce processus mental est beaucoup plus souvent à
la base des théories sur la réalité des choses que
le processus primaire relevant surtout de la conscience sémantique
qui lui, ne réfléchit pas sa propre image et qui est la
plupart du temps inconscient. La pierre ninspire pas le sentiment
naturel de réalité ; ce sentiment est un produit élaboré
de la psychologie de haut niveau.
De ce fait, il se trouve que cette conscience sémantique nest
pas décelable, mais que toute impression de conscience sémantique
est un processus analogue à ce concept mental de réalité,
cest-à-dire que toute conscience mentale de la conscience
sémantique nest jamais quune construction mentale sur
des concepts psychologiques de haut niveau, probablement associés
avec un phénomène de boucle tel que je lai déjà
décrit.
Sans refaire la démarche en détail, jai expliqué
doù pouvait provenir cette idée même de conscience
sémantique qui a priori devrait être inaccessible :
en suivant son ombre à la trace, dans notre pensée, on a
limpression de la voir vivre. Ce quil faut tirer de cette
explication, cest la faculté de lesprit de raisonner
sur lui-même, sur sa proche pensée en un temps extrêmement
bref et sur nimporte quel sujet. Leffet de miroir réfléchissant
et alors saisissant, jusquà ce quil sature par le principe
naturel de similarité ; car la nature de leffet de boucle
ne peut changer indéfiniment.
Il me semble que cette phrase de Sartre illustre mangifiquement bien,
ce quil appelle moi, et ce que jappelle par conscience
sémantique. «Il nest permis à personne de dire
ces simples mots: je suis 'moi'. Les meilleurs, les plus libres peuvent
dire: jexiste. Cest déjà trop.»
Un point de surprise est cette idée de liberté dans le moi.
Mais nous y reviendrons plus tard. En attendant, comme je lai déjà
exprimé, on a jamais conscience de la conscience sémantique,
cest elle qui a conscience de la pensée. A la limite, un
robot basé sur notre mécanisme de pensée pourrait
en parler aussi bien que nous, mais ne pourrais pas la vivre, car aucun
mot ne la décrit. Et le meilleur accès à la conscience
sémantique me semble être celui de lombre quon
voit vivre. Encore faudrait-il que le contexte de cette boucle soit épuré
de tout autre sens, ce qui me semble difficile, voire même inaccessible.
On a donc toujours, même en suivant lombre, seulement une
conscience colorée (ou filtrée) de la conscience sémantique,
qui pourtant est omniprésente.
Lauto-analyse
Le fait que la pensée soit accessible par elle-même (ultérieurement)
dans la mémoire, est une curieuse capacité de lesprit.
Toute pensée peut être « revisitée »
en repensant à cette pensée. Je crois que ce mécanisme
possède un impact important dans la réflexion abstraite
et notamment en philosophie. Cest le principe de simulation. Il
est possible en effet, de se servir de la pensée (passée)
et de lui faire suivre un chemin complexe, de la modeler par une logique
choisie au préalable. Un hiatus peut alors germer : quand
le module logique s'applique naturellement à la pensée examinnée,
il apparait l'impression que la logique appliquée à la pensée
vécue a aussi été vécue, ce qui est faux.
Il s'agit d'une transformation a postériori de la pensée
initale. En fait, l'effort mental a bel et bien été vécu,
mais il a été simulé, forcé par une démarche
mentale, il ne s'applique pas nativement à la pensée initiale.
Voici un exemple en philosophie : l'affirmation qui consiste à
dire : « le moi est toujours hors de soi »
relève potentiellement de ce type de constat. En temps ordinaire,
il faut un contexte et des définitions assez différentes
du langage usuel pour donner du sens à une telle phrase. En l'absence
de contexte, en jouant sur l'élasticité des définitions,
un effort mental permettra cependant de lui donner un sens ; en conséquence
ce sera un sens riche quil aura fallut trouver au fond de sa réflexion.
On assiste ainsi à une réflexion qui navigue sur des concepts
abstraits élémentaires et intimes quil faut creuser
et façonner mentalement pour leur donner du sens. Le sens produit
n'est pas instinctif et naturel (les concepts mis en jeu ne sont pas dans
les champs standards du dialogue).
Ainsi, dans l'approche naïve mais aussi dans l'approche contextuée,
ce type de réflexion produit un sens reél suggéré
par la logique des définitions possibles (dû à leur
élasticité) plutôt que par un sentiment objectif d'observation
naturelle.
Seulement cet artifice peut passer inaperçu : une fois que le sens
est donné à cette phrase, il peut sembler réel pour
la seul raison que l'esprit en a eu conscience et qu'il s'agit justement
d'une recherche de conscience. De façon général,
l'esprit prend facilement pour réel ce qu'il est parvenu conceptualisé
suffisemment clairement sur des concepts réels (les pseudo-sciences
en témoignent, mais peut-être aussi certaines « opinions
intuitives » d'hommes de sciences).
La naissance de cette auto-conviction se produit à notre insue
car le phénomène est extrêmement rapide : la
recherche qui construit le sens produit en même temps lartifice
de la réalité. Je pense que ce mécanisme est un des
tords fréquent de la philosophie moderne, notamment dans la pénoménologie.
En réfléchissant sur soi, on ne fait pas que constater et
réfléchir, on construit ses pensées. Autrement dit,
on trouve un peu trop facilement en soi ce quon y cherche :
je parle essentiellement ici d'efforts mentaux élémentaires.
On constate que l'observateur influence l'observation qui est difficilement
neutre en de tel domaine.
On peut comprendre que ce mécanisme entrentenu par la répétition
et la suggestion peut prendre des proportions beaucoup plus grandes. Pensons
à lendoctrinement ou à la fabrication d'une perception
complètement en marge de la réalité (jusqu'à
une schizophrénie auto-induite). Et sans aller jusque là,
on peut imaginer la construction dun système mentalement
cohérent mais conçue de toute pièce et donc illusoire.
Sans se lancer dans un nouveau débat, quand on a compris ce principe,
on peut s'interroger sur la réelle part d'objectivité qui
existe dans les réflexions esthético-logiques. De telles
réflexions touchent notamment une grande partie des sciences ;
c'est par exemple le cas de la représentation mentale des concepts
en physique.)
Ce mécanisme d'auto-construction mentale est particulièrement
fréquent quand on cherche à comprendre son fonctionnement
intérieur. Jappelle alors ce mécanisme lauto-analyse.
La dévience de lauto-analyse consiste à aller au-delà
d'une analyse objective de soi et de ses pensées, en se basant
sur des contextes suggestifs qui construisent un sens artificiel à
lanalyse de soi. Ainsi la boucle de la pensée sur elle même
nest pas « pure », elle associe un contexte
artificiel, une grille de lecture imposée. Et linfini diversité
des contextes de lecture donne une mesure de léventail immense
des sentiments que peuvent revêtir ces impressions dauto-analyse.
Il faut donc retenir que le phénomène dauto-persuasion
dans les impressions mentales est un phénomène qui trouble
lanalyse objective. Il me semble donc peu judicieux de sanalyser
en cherchant en soi un sentiment prédéfini, ce que nous
propose pourtant nombre de philosophes ou autres scientistes.
Dans l'autre direction, je pense quune attitude objective dauto-analyse
mentale est très difficile à mener, car la simulation est
un phénomène dassociation naturelle. En essayant de
trouver une forme générale à ma pensée, il
me semble aboutir davantage à un grand vide qu'à une impression
précise. Bien sûr, l'analyse n'est pas sans constat objectif
: avec beaucoup de recul on reconnaît certaines formes et certains
parcours fréquents de la pensée, mais c'est beaucoup plus
difficile de discerner des généralités dans la pensée
instantanée.
Lobjectif de toute cette explication était de montrer quil
faut se méfier de l'objectivité de «lauto-analyse »
qui a facilement pour conséquence lauto-persuasion et cela
dautant plus que les impressions étudiées sont élémentaires,
nuancées et sans contextes contradictoires. En particulier quand
la recherche mentale consiste à analyser linstant immédiat.
Revenons
plus précisément à la simulation du « sentiment
de réalité » : il se trouve que ce concept
évolué correspond justement à un type dauto-analyse.
Toute auto-analyse nest pas nécessairement une auto-persuasion
sur un phénomène illusoire, il peut être un constat
objectif dune pensée. Et je pense que cest le cas pour
cette idée de « réalité de la pierre »
dans le sens où le sentiment de la vérité de l'existence
de la pierre est naturel. Maintenant il peut se greffer toutes sortes
de simulations liées à ce sentiment naturel. Lidée
de réalité est fondée par le bon sens, mais un « ressenti
de la réalité » est construit sur une analyse
façonnée par un contexte, il semble donc difficile de dégager
la part de « réalité » (objective)
contenue dans une telle pensée. C'est d'autant plus difficile que
selon notre modèle, la pensée est un agrégat d'associations
d'idées : dans ces conditions. Existe-t-il seulement un « pur »
sentiment de réalité ? Sans négliger que la définition
de réalité est forcément floue, mais aussi que la
pensée est convergence et non réalité. De plus, il
y a dans tout sentiment de réalité des associations d'idées
connexes qui sont probablement très différentes de l'une
à l'autre. Et pour finir, il faut se souvenir que tout concept
est le résultat d'une histoire. Faut-il ajouter que la perception
est influencée par les contextes stimulé du moment...
Après cette explication, on comprend bien la diversité dimpressions
variés que peut représenter ce « sentiment de
réalité ». Mais comme nous l'avons souligné,
il existe une trame commune basée sur lidée de la
réalité matérielle fondée sur le bon sens.
Là où l'évidence est moins immédiate, cest
quand « on sinterroge sur l'impression de cette réalité
ressentie » , et que l'on analyse cette pensée. L'analyse
place postérieurement la pensée initiale dans un contexte
suggestif qui la transforme en nature. Dans ce chemin, lauto-persuasion
fait vite son apparition.
Quand on prend conscience de la potentielle ampleur de ce mécanisme,
il serait regrettable de passer à côté sans en toucher
mot.
On aura bien compris quentre le principe de simulation de la réalité
et la perception de la réalité telle que nous lavons
décrite, il faut envisager un gradient de concepts très
subtils.
Voilà
pour la réalité extérieure. Si maintenant, on souhaite
avoir une idée plus précise de la réalité
intérieure, il y aurait bien davantage de travail ; il faudrait
connaître le fondement des réalités intérieure
(affectives, sentimentale, logique, décisionnelle, etc.). On constate
en effet l'existence de multiples réalités, sensorielles,
abstraites et psychologiques qui se mêlent et sentremêlent
pour donner toutes sortes de réalités intérieures,
variées en nature. La vision de cette multiplicité et de
ces subtilités est nécessaire pour se forger une certaine
idée de la réalité intérieure, une idée
du vécu.
Interpolation
Pour revenir à la réalité plus concrète de
la perception, il me semble utile dintroduire une dernière
notion qui permettra de donner une clarté à l'idée
de « réalité intérieure » :
cest lidée dinterpolation.
Linterpolation est un procédé mathématique,
il consiste à simplifier une figure complexe. Pour cela on choisit
quelques points bien caractéristiques sur la figure puis on relie
ces points selon des méthodes variées, lobjectif étant
de sapprocher de la figure réelle uniquement à partir
de quelques points. Le résultat est sensé donner une « image
approchée » de la figure dorigine. Plus le nombre
de points est important et bien réparti, plus linterpolation
est fine, et mieux la figure sera reproduite. Mais si les points sont
peu nombreux et mal placés, la figure finale peut ne ressembler
en rien à la figure dorigine.
Je pense que lanalogie est claire : la figure dorigine
cest la trame ; les points qui copient la figure dorigine,
cest lensemble des concepts mentaux, et la figure qui en résulte
cest notre connaissance de la trame. C'est un peu comme lorsqu'on
fabrique un dessin uniquement à partir de petits carrés
(comme une mosaïque). Si les carrés sont très gros,
on ne voit rien de la réalité sous jacente ; mais s'il
sont assez petits, il peuvent facilement atteindre le seuil de notre perception
et produire une image très précise (la télévision
fonctionne sur ce principe). Mais pour être plus proche de l'idée
que je présente ici, je préfère l'interpolation d'une
forme par des points que l'on relient entre eux avec des traits. Si l'on
possède peu de points, la forme qui apparaît sera très
éloignée de la fome d'origine, voir même carré
fausse. Si l'on possède beaucoup de point, la forme résultant
des traits sera beaucoup plus précise.
Suivant la qualité de notre interpolation de la trame, nos concepts
peuvent être complètement faussés. Il est ainsi possible
en croyant observé la trame de simaginer des idées
qui nont aucun rapport avec la trame. Cest ce quon pourrait
appeler une erreur. Il ne s'agit pas d'une erreur de perception, mais
d'une erreur de compréhension.
Lidée dinterpolation résume bien lidée
de réalité intérieure sur la perception de la trame.
La réalité est extérieure, la perception intérieure
na accès à des réalités que par la concentration
de sens prennant appui sur le réel. Au total, la perception construit
des concepts qui vont sassocier pour construire le sens de la perception
extérieure. Ces concepts sont des points daccrochage acquis
par convergences asymptotiques et donc des points de connaissance solides.
Appuyés sur ces points représentatifs du réels, on
peut construire une représentation de choses plus complexes et
moins fréquentes. Linterpolation produit une imge finale
par le mécanisme de perception du sens : issue de la perception
sensorielle et de notre histoire qui a accumulé la connaissance
de la trame.
On comprendra bien vite que linterpolation est un principe subjectif.
Par exemple, si la figure de départ est très complexe, il
est possible de choisir des points nimporte où pour y construire
la figure que lon veut. Autrement dit, dans une réalité
très complexe, on peut y voir un peu tout ce que lon veut.
Cest le cas quand la démarche est naïve dans le cadre
dune perception partielle ou insatisfaisante, dans le cadre dun
raisonnement.
Mais dans lensemble lidée dinterpolation trace
bien lidée de la perception intérieure, car elle retranscrit
la réalité extérieure par un ensemble de cellules
sens qui forment un nouveau sens.
Je pense que cette idée dinterpolation possède une
certaine pertinence danalogie, mais comme toute métaphore
elle possède ses limites.
Adéquation
réalité intérieure et extérieure
Après avoir passé un peu de temps sur les mécanismes
de la perception, je pense quil est bon de revenir sur une question
centrale de la perception de la réalité. Cest son
adéquation avec la réalité extérieure. En
dautres termes quelle est la part de subjectivité dans la
réalité intérieure ? Nous avons bien dégrossi
le problème en montrant le principe essentielle de cette subjectivité :
la convergence asymptotique
le principe de saturation pour ce qui est du mécanisme de perception
intérieure
la subjectivité intrinsèque de la trame qui dépend
de la netteté des condensations considérées.
linterpolation, qui est la reconstitution interne aprochée
dune image externe réelle ; subjectivité par
le fait de la traduction en changeant de support (réalité
extérieure traduite à lintérieure), et subjectivité
par le principe dinterpolation qui est approximation parfois grossière.
Il
faudrait ajouter à ces principes un mécanisme beaucoup moins
bien défini, mais qui possède un rôle important dans
la notion de subjectivité : c'est la notion de cohérence
interne. Elle consiste en une recherche plus ou moins permanente de chacun,
consistant à vouloir comprendre les choses. La cohérence
apporte du sens aux condensations, elle permet donc de les définir
précisément pour quelles soient perçues et
admise à lintérieur de nous-même. Seulement,
ce mécanisme ne possède pas que des vertus quand on sintéresse
à ladéquation des connaissances extérieures
avec la réalité extérieure. En effet, la cohérence
est un mécanisme naturel qui est parfois soumis à la volonté,
cest une aspiration consciente et inconsciente permanente. Cette
aspiration conduit à construire des logiques mentales, des explications
qui sont bien souvent des raccourcis et même des erreurs par rapport
à une analyse saine. Le besoin de cohérence conduit tout
un chacun à construire des raccourcis pour éviter un effort
mental incessant ou tout simplement la dispertion. La notion d « analyse
saine » na pas de sens absolu, elle supposerait la compréhension
de toute la trame. Tôt ou tard, il faut rompre avec la finesse de
lanalyse pour se contenter des condensations. Mais en ce faisant,
lesprit qui ne fonctionne pas sur le même principe que la
trame, laisse de côté des réalités importantes
qui ne sont pas négligeables et qui détournent lanalyse
dune bonne perception globale. Mais par dessus cette considération
qui montre la nécessité des raccourcis, il y a aussi le
besoin de cohérence qui consiste à assigner « de
force » certains raisonnements manifestement faux. Nous verrons
que ce principe a une incidence importante dans le comportement et la
communication. Ainsi, le mécanisme de cohérence est autant
nécessaire que trompeur. Cest un principe important de subjectivité.
Cette
connaissance apporte un angle de vue qui offre un point de vue théorique
sur lobjectivité. En additionnant tout ces principes de base
où des équilibres saffrontent sans cesse, je pense
quon peut avoir une bonne idée de ce quest la subjectivité.
On peut distinguer en particulier les concepts qui sont subjectifs des
concepts qui sont objectifs. Ainsi, il me paraît manifeste (en acceptant
les hypothèses qui sous-tendent tout le raisonnement) que lon
peut plus ou moins facilement créer des catégories dobjectivité
à partir du bon sens et surtout de lexpérience.
Par exemple, voici classées à mon goût quelques connaissances
selon leur objectivité ; en commençant par les connaissances
les plus objectives et finissant par des catégories très
subjectives :
Mon existence.
La perception de la nature et de la réalité des choses
Lexistence des autres
Lusage commun des sciences exactes
La recherche scientifique
La capacité de jugement dun expert dans un domaine non exacte
(médical par exemple).
Les affirmations des sciences humaines dans leur globalité.
Limage de la trame
Lanalyse exégétique des textes dauteur.
Ma proposition de théorie de la connaissance.
Beaucoup de théories développant de la psychologie de haut
niveau.
lart.
En pratique, il nexiste évidemment pas déchelle
de valeur de lobjectivité, car la connaissance est structurée
de façon complexe. Une connaissance est appuyée sur de nombreux
prérequis, qui possèdent tous une objectivité très
variable. Cela ne présume souvent pas de lobjectivité
de la connaissance supérieure dailleurs.
De plus, il ne faut pas confondre vérité avec objectivité,
et en aucun cas nous ne posons ici un jugement de valeur en fixant lobjectivité
comme meilleure que la subjectivité. Notre propos consiste seulement
à juger la connaissance sous le rapport de son objectivité
et de sa subjectivité. Manifestement, la subjectivité est
bien fréquemment une nécessité.
La
subjectivité nest pas seulement une réalité
intérieure, son existence est aussi extérieure, inhérente
à la trame. Ainsi, la subjectivité possède deux aspects :
la réalité indéfinissable, multiple et polymorphe
de la trame à cause de sa complexité et de son manque de
condensation en certains lieux, mais aussi le décalage qui existe
entre lextérieur et sa traduction interne.
Ladéquation
entre léxtérieur est lintérieur existe
donc réellement, mais il est une nuance essentielle : il existe
un filtre quasiment impénétrable dû au décalage
successif sur le trajet de la réalité, et notamment à
cause du principe de traduction. La connaissance progressant par convergence
asymptotique permet de prendre conscience de ce filtre, par la connaissance
de soi. Mais il est une partie du filtre dont on ne peut pas vraiment
prendre conscience. La conscience de ce décalage nest et
ne peut être que théorique : sachant que tout est issu
de nos sens et que tout parvient à notre cerveau selon un même
schéma, on peut dire que lon est prisonnier dun seul
côté du filtre. Nous avons conscience de lautre côté
car on voit au travers du filtre, mais on ne peut absolument pas savoir
ce quest réellement la différence entre la réalité
filtrée et la réalité non filtrée. De plus,
le sens ne prend vie quaprès filtrage. Que dire donc de la
réalité hors de notre filtre ? en-dehors du fait quelle
existe et quelle a un sens au travers du filtre, tout porte à
croire quelle a un sens sans le filtre. Mais nul ne peut laffirmer.
En fait, il se pose ici la question reformulée du réalisme :
le monde réel existe-t-il sans nous ? On a déjà
répondu oui. Le bon sens nous fait voir que tous les hommes partagent
un sens commun de la réalité extérieure qui est indépendante
de chacun pris individuellement et qui nous fait prendre conscience de
la réalité extérieure indépendante de nous
et donc de tous, et ainsi de la réalité extérieure.
Mais quest donc cette réalité ? Le filtre est
infranchissable, nul ne voit la réalité quau travers
du sens humain. On peut raisonnablement penser que la réalité
est très différente de notre perception peut-être
en de très nombreux points de vue ; peut-être par des
approches insoupçonnables. Mais comment parler de ce qui est innacessible ?
Et pourtant telle est la théorie du filtre : il existe un
décalage important très probable entre la réalité
et nous ; un décalage que la convergence asymptotique ne peut
corriger, car le biais est systématique. Cest la compréhension
du mécanisme de la connaissance qui donne sens à cette réalité
du filtre infranchissable.
Le
filtre mis à part, la subjectivité possède une place
importante dans la connaissance. Ladéquation de la réalité
intérieure à la réalité extérieure
est parfois très grande quand les subjectivités cumulées
conduisent à une interpolation très maladroite de la réalité
extérieure. La subjectivité peut dailleurs être
aussi grande quon peut levisager car entre subjectivité
et erreur il y a un parcours sans rupture. Il ny a donc pas vraiment
de limite à la subjectivité de la perception et au décalage
entre la perception intétieure et la réalité extérieure.
Létude des maladies mentales et même des hommes relativement
sains desprit montre la continuité existante entre une approche
objective et une approche renormalisée de la réalité.
Mais notre intérêt se porte davantage sur la distance minimale
qui existe entre la réalité et la perception. La distance
minimale, cest la théorie du filtre. Lélément
le plus pertinent de cette distance minimal est le bon sens : il
nous affirme que notre perception de lextérieure est saine,
proche, fidèle et fiable. On peut parler de la perception sensorielle
de la réalité extérieure par exemple. Sil existe
des exemples de disfonctionnement, il existe aussi des zones de confiance
très bien fondée sur le bon sens. Ainsi, on trouve ici une
approche de la distance minimale. Mais en ce lieu, on se retrouve bien
face au filtre infranchissable et non négligeable du mécanisme
humain : ce bon sens qui nous donne une perception si aisée
repose sur une quantité de données éduquées
et non directement perceptibles, et bien sûr sur les limites du
fonctionnement de la perception humaine. Ceci nous montre la fiabilité
de cette perception de la réalité extérieure, cest
le bon sens fondé sur la cohérence, la convergence asymptotique,
sur limprégnation profonde et la pérennité.
Cest sans doute aller trop loin quanalyser le bon sens. Celui-ci
fournit la distance minimale entre la réalité extérieure
et nous-même. Maintenant, lanalyse est profitable en ce quelle
indique les failles possibles qui existent fréquemment.
Au
total, il existe en certains lieux une adéquation efficace entre
la réalité extérieure et la perception intérieure ;
adéquation efficace en ce quil nexiste quasiment rien
de plus réel que cette perception. Le mot « quasiment »
laisse un peu de place pour léducation bien menée
du bon sens (il arrive que léducation éloigne de la
réalité - la philosophie le montre. Dans ce cas, je pense
que lanalyse fait fausse route en accordant plus de crédit
au détail quà la globalité du bon sens, et
plus de crédit au doute logique infondé quà
laffirmation du bon sens). Mais cette réalité maximale
est modérée par lexistence dun accès
limité à la réalité, cest la théorie
du filtre. Une erreur fréquente consisterait à mesurer ladéquation
entre lextérieur et lintérieur par une mesure
de la subjectivité des concepts intérieures. Mais il nen
est rien ; la distance se lit par la convergence asymtpotique et
la cohérence. C'est-à-dire par un bon sens très
interconnecté avec la réalité extérieure.
Cest la descritption de la réalité qui apporte cette
lecture :
pour la réalité extérieure : lexistence
dune subjectivité extérieure dûe à la
nature des condensations en jeu : la complexité peut rendre
toute lecture de condensation subjective. Lobjectivité extérieure
existe mais elle nest pas un fondement de la réalité
extérieure. Elle existe en quelque lieu, mais elle peut être
absente en de nombreux lieux, et même en de nombreux lieux où
se déroule une grande partie de la vie et de la perception.
pour la réalité intérieure : le manque de connaissance
ou de perspective peut tromper la perception par une mauvaise interpolation
conceptuelle. Mais le manque de condensation extérieure peut aussi
donner limpression dune perception non correctement établie
car non condensée avec fiabilité (lesprit donne du
sens par des concepts et donc une perception de condensation).Certaines
approches peuvent éventuellement apporter une illusion doptique
et donc de réelles erreurs conceptuelles quune autre approche
pourra corriger.
Pour que ladéquation entre lextérieur et lintérieur
soit proche, il faut avoir une perception profonde, variée, riche
et interconnectée de la réalité extérieure
qui révèle la nature de la réalité extérieure.
Une perception objective et cohérente est peut être
parfois une illusion : une bulle de connaissance déconnectée
de la réalité. Une perception objective nest parfois
pas possible. Dans lensemble, la connaissance positive de la réalité
a augmenté, elle est la connaissance des réalités
objectives, mais aussi la connaissance de lobjectivité des
réalités, qui est une approche essentielle de la connaissance.
Pour clore cette question, afin quil ny ait pas de méprise,
il faut aussi ajouter que la réalité nest pas seulement
extérieure. En effet, il existe en lhomme une réalité
intérieure qui nest pas de lordre de ladéquation
de la perception avec une réalité extérieure à
lui-même. On peut notamment citer la psychologie de haut niveau
qui forme une partie importante de la vie. On veillera donc à ne
pas confondre bonne perception de la réalité extérieure
comme la seule source de connaissance digne dintérêt
et de fiabilité.
Moi
qui pensais dabord étudier le problème philosophique
de la réalité par soucis de fondement, jobtiens une
récompense inattendue : une connaissance accrue du jugement.
La connaissance de lobjectivité et de la subjectivité
et de leur présence dans la trame et dans notre perception sont
un aiguisement du jugement de mon bon sens. Cela fait partie de choses
que je recherchais activement. Lun des objets essentiels et premier
de ma recherche, pour parvenir à mon objectif final, est de savoir
juger les discours. Par la connaissance de la nature du réel, jobtiens
non pas vraiment un outil mais un élément dapproche
précieux et pertinent. Je suis toujours incapable dapporter
un jugement de valeur aux discours que jentends, mais à défaut
jobtiens un jugement dobjectivité.
Cest
à lissue de ce chapitre quon comprendra en quoi la
théorie de la connaissance présente un intérêt
majeur dans la cohérence de ma démarche : bien quhypothétique,
elle apporte un éclairage très large sur lapproche
de la réalité.
La Science est recherche de la réalité objective partageable.
Le sens est le ressenti instantanné d'un tissu organisé
de concepts formant une unité cohérente liée à
la totalité de nos aquisitions (qui sont pour chacun un autre sens).